Inondations de 2011

Inondation de la rivière Assiniboine

En 2011, de nombreuses parties du bassin de la rivière Assiniboine ont connu des inondations records ou presque. Une quantité d’eau plus élevée que la normale dans le sol au moment du gel, un manteau neigeux hivernal supérieur à la normale lui aussi, ainsi que les précipitations du printemps et de l’automne, y compris de fortes tempêtes, ont entraîné d’importantes inondations du bassin de la rivière Assiniboine autant au Manitoba qu’en Saskatchewan.

Le niveau d’eau de tous les tronçons de la rivière Assiniboine en aval du barrage Shellmouth a été élevé en avril, mai, juin et juillet.

Étant donné le débit record des eaux dans la rivière en amont du canal de dérivation Portage, les débits qui ont été dérivés dans le canal de dérivation pendant la période de pointe ont dépassé sa capacité nominale. Au même moment, les digues le long de la rivière en aval de Portage la Prairie étaient à leur capacité fonctionnelle maximale.

Le 9 mai, quand une vaste tempête de pluie s’est installée sur une grande partie du sud du Manitoba, on a projeté que le débit de pointe de la rivière Assiniboine atteindrait environ 1 585,7 mètres cubes par seconde (m3/s) ou 56 000 pieds cubes par seconde (pi3/s). Ce débit excédait la capacité combinée de la rivière Assiniboine et des digues en aval de Portage la Prairie, plus celle du canal de dérivation Portage agrandi. Il a été déterminé qu’un écoulement contrôlé des eaux de la rivière Assiniboine vers le bassin de la rivière La Salle était nécessaire comme méthode contrôlée de gérer l’excès d’eau. Le lieu choisi pour l’écoulement a été le Hoop and Holler Bend. Le 14 mai, le courant dans le canal de dérivation Portage a atteint un débit de pointe de 962,8 m3/s (34 000 pi3/s) et on a pratiqué une brèche pour l’écoulement contrôlé au Hoop and Holler Bend. La brèche a été colmatée le 20 mai.

Le volume d’eau coulant dans le canal de dérivation Portage en 2011 était sans précédent, pour la raison que le volume total des eaux de crue en amont de Portage la Prairie était aussi sans précédent, étant deux fois plus important que le volume record antérieur enregistré en 1976.

À titre de comparaison, en 1997, lors de l’inondation du siècle de la rivière Rouge, 9,3 millions d’acres-pieds d’eau ont coulé dans la rivière Rouge à Ste. Agathe entre le 1er avril et le 31 août.  Pendant les mêmes mois en 2011, presque la même quantité d'eau, 9,1 millions d’acres-pieds, ont coulé dans le réservoir Portage sur la rivière Assiniboine.

Renforcement d’un mur de chute du canal de  dérivation Portage, le 14 mai 2011
Renforcement d’un mur de chute du canal de dérivation Portage, le 14 mai 2011
Vue aérienne du canal de dérivation Portage,  vers le nord et le lac Manitoba, le 14 mai 2011
Vue aérienne du canal de dérivation Portage, vers le nord et le lac Manitoba, le 14 mai 2011
Emplacement de l'écoulement contrôlé au Hoop  and Holler Bend, le 15 mai 2011
Emplacement de l'écoulement contrôlé au Hoop and Holler Bend, le 15 mai 2011

Inondation du lac Manitoba

Le lac Manitoba a atteint un niveau de hautes eaux record à la fin juillet 2011, atteignant 249,1 mètres (817,2 pieds) au-dessus du niveau de la mer, soit plus de 1,4 mètre (4,7 pieds) au-dessus du maximum de la fourchette souhaitable, qui est de 810,5 à 812,5 pieds. Le niveau des eaux est demeuré élevé jusqu’à la fin de l’automne, époque à laquelle il se situait encore à environ 0,6 mètre (2 pieds) au-dessus du niveau maximum souhaitable. Cette crue sans précédent était le résultat de nombreux facteurs, notamment :

Le niveau élevé des eaux du lac Manitoba en 2010, qui était attribuable aux précipitations supérieures à la normale de l’automne 2010. Le débit de l’eau sortant du lac Manitoba dans l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford a été maintenu au maximum tout l’hiver, sauf pendant trois mois durant lesquels il a été réduit afin de modérer le niveau du lac St. Martin, ce qui a alors modéré le débit de l’effluent de ce lac, la rivière Dauphin. La modération du débit de la rivière a réduit la formation de frasil, qui survient généralement quand le débit de la rivière est élevé.

Vue aérienne de l’inondation à Lundar Beach, le  1er juin 2011
Vue aérienne de l’inondation à Lundar Beach, le 1er juin 2011
Vue aérienne de l’inondation à Delta Beach, le  17 mai 2011
Vue aérienne de l’inondation à Delta Beach, le 17 mai 2011

Un apport d’eau record du lac Winnipegosis en 2011. Le volume d’eau total qui a coulé du lac Winnipegosis vers le lac Manitoba en 2011 a été un des plus importants jamais enregistrés, dépassé seulement par le record enregistré en 2010.

Vue aérienne de St. Laurent après la  tempête, le 1er juin 2011
Vue aérienne de St. Laurent après la tempête, le 1er juin 2011

Des précipitations au-dessus de la normale, qui ont déversé une quantité de pluie considérable sur le lac et le bassin hydrographique environnant, contribuant au niveau élevé des eaux du lac. Les tempêtes de vent ont aussi causé des dommages aux biens-fonds autour du lac. Plus particulièrement, la tempête survenue entre le 27 mai et le 1er juin a produit des vagues atteignant parfois jusqu’à 2,1 mètres (7 pieds) de haut, qui ont fouetté les digues et les bâtiments. Outre les pluies abondantes, le 31 mai, des coups de vent (de 40 km/h et plus) ont amplifié l’action déjà destructrice des vagues, démolissant ou abîmant gravement de nombreux chalets et maisons autour du lac Manitoba.

L’utilisation intense et prolongée du canal de dérivation Portage. Vu les débits élevés sans précédent dans la rivière Assiniboine, un grand volume d’eau a été dévié de la rivière Assiniboine vers le lac Manitoba par le canal de dérivation Portage. On a dévié de l’eau de la rivière Assiniboine vers le lac Manitoba pendant une période de 126 jours. Pendant 31 jours, le débit a excédé la capacité nominale du canal de dérivation Portage, qui est de 707,9 m3/s (25 000 pi3/s). Pendant son utilisation en 2011, le canal de dérivation Portage a dévié un volume record de 4,73 millions d’acres-pieds d’eau (5,80 millions de dam3) dans le lac Manitoba.

Les facteurs suivants ont aidé à abaisser le niveau du lac Manitoba :

L’influence positive de l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford. Quand l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford a été construit en 1961, le canal de déversement a été élargi, triplant sa capacité potentielle par rapport à la capacité naturelle de cet émissaire du lac Manitoba. Cette capacité accrue a été conçue pour aider à maintenir le niveau des eaux du lac Manitoba plus stable. Elle allait aussi permettre aussi une évacuation plus abondante de l’eau pour compenser les apports additionnels d’eau qui proviendraient de l’eau déviée de la rivière Assiniboine après la mise en service du canal de dérivation Portage. La capacité d’évacuation accrue permet aussi d'abaisser plus rapidement le niveau du lac au besoin. Cette capacité d’évacuation accrue a apporté un avantage important de réduction des inondations du lac Manitoba. Par exemple, au cours de l’année civile 2011, le volume sortant total enregistré à l’ouvrage de régulation a été de 10 514 000 acres-pieds (13 000 000 dam3). Le volume sortant naturel calculé de la rivière Fairford sans l’ouvrage de régulation aurait été de 7 014 000 acres-pieds (8 650 000 dam3). Il est important de noter que ces chiffres montrent seulement l’avantage que l’ouvrage de régulation a apporté pendant l’inondation; ils ne montrent pas la réduction bénéfique du niveau des eaux apportée avant et après l’inondation. À la fin de 2012, l’utilisation de l’ouvrage de régulation a aidé à faire descendre le niveau des eaux du lac à 248,5 mètres (812 pieds), environ 0,75 mètre (2,5 pieds) en deçà de ce que le niveau aurait été sans l’ouvrage de régulation et le canal de dérivation Portage.

Avant la construction de l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford, le lac Manitoba a dépassé le niveau de 247,95 mètres (813,5 pieds) pendant quatre années consécutives, de 1954 à 1957, et il a atteint un niveau de pointe de 248,79 mètres (816,25 pieds) en juillet 1955 à cause de sa capacité de déversement limitée. Si l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford n’avait pas été construit, le niveau du lac aurait dépassé 247,95 mètres (813,5 pieds) pendant environ six ans au total entre 1961 et 2011. Or, la capacité accrue de l’ouvrage a maintenu le niveau des eaux sous 247,8 mètres (813 pieds) pendant presque toute cette période.

Les débordements de la rivière Assiniboine. Le canal de dérivation Portage suit généralement des terres basses entre Portage la Prairie et le lac Manitoba. Les rapports sur l’inondation historique de 1882 indiquent que l’eau qui a débordé de la rivière Assiniboine à cet endroit dans la rivière a coulé vers le nord jusqu’au lac Manitoba à une hauteur de 2,13 mètres (7 pieds), apportant un volume d’eau considérable au lac Manitoba. En 2011, le débit de la rivière Assiniboine à l’ouest de Portage la Prairie a excédé 622,97 m3/s (22 000 pi3/s) pendant 105 jours. Dans des conditions naturelles, la rivière Assiniboine aurait débordé pendant cette période et une partie de cette eau aurait atteint le lac Manitoba et ajouté au niveau naturel déjà élevé qu’aurait eu le lac Manitoba en l’absence de tous les ouvrages de lutte contre les inondations. Le débordement de la rivière Assiniboine a été prévenu par la combinaison de digues le long de la rivière et l’utilisation du canal de dérivation Portage pour limiter le débit dans le cours inférieur de la rivière Assiniboine. Le rapport intitulé 2011 Flood: Technical Review of Lake Manitoba, Lake St. Martin and Assiniboine River Water Levels (2013) (PDF, 8.2 MB) décrit en détail les débordements historiques et traite plus à fond des conditions d’inondation vécues en 2011.


Inondation du lac St. Martin

Le lac St. Martin présente un risque d’inondation à cause des terres basses qui l’entourent. Les précipitations de 2010 ont porté le niveau du lac à 244,1 mètres (801 pieds) en janvier 2011, au-dessus de la moyenne historique qui se situe entre 242,9 et 243,9 mètres (797 et 800,5 pieds). En mars 2011, les eaux du lac ont monté au-dessus du niveau d’inondation, qui est de 244,4 mètres (801,7 pieds). Le niveau du lac St. Martin a été haussé encore davantage par les hautes eaux printanières records de la rivière Fairford, atteignant un maximum de 245,5 mètres (805,6 pieds), environ 0,6 mètre (2 pieds) au-dessus du maximum record enregistré précédemment. Les alentours du lac ont été inondés et les habitants des collectivités évacués.

Lors de crues précédentes, du frasil s’était formé sur la rivière Dauphin, qui est l’émissaire du lac St. Martin, obstruant le canal et réduisant considérablement le débit de la rivière.

Le frasil est une glace molle et amorphe formée par l’accumulation de cristaux de glace dans de l’eau qui est trop turbulente pour geler dur.

S’il s’était formé du frasil dans la rivière Dauphin à l’automne ou l’hiver 2011, cela aurait réduit le débit sortant et exacerbé encore davantage l’inondation du lac St. Martin. Si on avait diminué le débit d’eau sortant du lac Manitoba dans l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford pour atténuer l’inondation du lac St. Martin, le niveau du lac Manitoba serait aussi resté élevé plus longtemps. Pour lutter contre les inondations des deux lacs et prévenir davantage les inondations dues à la glace l’hiver, il a été déterminé qu’un canal de déversement d’urgence était nécessaire pour accroître le débit sortant total du lac St. Martin. Le 1er novembre 2011, le gouvernement du Manitoba a ouvert le canal d’urgence du lac St. Martin, augmentant le débit sortant du lac St. Martin dans le ruisseau Big Buffalo. Le 18 novembre, le niveau d’eau du lac St. Martin était passé à 244,8 mètres (803,2 pieds), par rapport à son maximum de 245,5 mètres (805,5 pieds).

La régulation du lac Manitoba par l’ouvrage de régulation de la rivière Fairford affecte généralement le lac St. Martin de manière négative, entraînant souvent des niveaux d’eau artificiellement hauts ou bas selon les conditions du lac Manitoba. Par exemple, le débit d’eau qui entre dans le lac St. Martin (sortant du lac Manitoba) est maintenant plus élevé pendant les périodes de crue, et le niveau du lac est plus bas pendant les périodes sèches à cause de la réduction du débit (venant du lac Manitoba).

Légendes des images


Le lac St. Martin, le 17 mai 2011
Le lac St. Martin, le 17 mai 2011
Le lac St. Martin, le 17 mai 2011
Le lac St. Martin, le 17 mai 2011

Inondations du lac Winnipegosis et de la rivière Waterhen

Le lac Winnipegosis reçoit l'eau des versants nord des monts Riding, des versants nord et est des monts Duck, des monts Porcupine et de parties de l’est de la Saskatchewan. Le lac Winnipegosis se déverse dans la rivière Waterhen, qui relie le lac Winnipegosis au bassin nord du lac Manitoba. Le débit sortant du lac Winnipegosis n’est pas régulé, alors le niveau du lac monte et descend suivant l’évolution des conditions.

Le niveau du lac au début de 2011 était anormalement haut en raison des eaux de ruissellement élevées de l’automne 2010. En conséquence, le lac a atteint un niveau de pointe de 254,5 mètres (835 pieds) à la fin juin. En 2011, le niveau du lac Winnipegosis a été le plus haut jamais enregistré l’été depuis que l’on a commencé à enregistrer ces données en 1913. Ce niveau élevé a produit un débit record dans la rivière Waterhen. Environ 4,7 millions d’acres-pieds d’eau ont coulé du lac Winnipegosis vers le lac Manitoba entre avril et août. Le débit élevé de la rivière Waterhen a continué pendant une bonne partie de l’hiver, causant du frasil dans cette rivière.