Les conséquences de la violence conjugale pour les enfants

Les enfants exposés aux images, aux sons et au stress de la violence conjugale sont touchés à tous les âges et à tous les stades de développement. Ils sont plus à risque d’avoir des problèmes d’ordre affectif, comportemental, social et psychologique. Ils peuvent être touchés comme s’ils sont eux-mêmes maltraités directement, et les effets peuvent être de longue durée.

Stade prénatal

La violence conjugale peut commencer ou augmenter lorsque les femmes deviennent enceintes. Les femmes enceintes peuvent se sentir de plus en plus dépendantes de leur conjoint pour de l’aide affective et financière au cours de leur grossesse. Il se peut aussi qu’elles comptent sur leur conjoint pour satisfaire leur désir d’être une famille.

Les conjoints violents peuvent se servir de cette dépendance pour contrôler encore plus la relation. Ils peuvent être jaloux de la grossesse et utiliser la violence pour veiller à ce que leurs besoins soient satisfaits. La violence physique peut provoquer un accouchement précoce ou une fausse-couche. La violence peut également causer du stress pouvant influencer les habitudes alimentaires des femmes et leur mécanisme d’adaptation (p. ex., tabagisme, abus d’alcool ou d’autres drogues). Cela peut avoir des répercussions sur le poids du bébé ou entraîner l’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale. Les enfants peuvent donc être touchés par la violence familiale avant même d’être nés.

Petite enfance (de la naissance à 12 mois)

Les bébés peuvent être bouleversés lorsqu’ils se trouvent dans une maison bruyante et chaotique où il n’y a pas d’ordre. Cela peut entraîner des problèmes d’alimentation et de sommeil chez les bébés ou les rendre malades.

ll se peut que les parents ne soient pas capables de satisfaire les besoins de leur bébé en raison des effets négatifs de la violence conjugale (p. ex., blessures physiques, épuisement mental, dépression, abus d’alcool ou d’autres drogues, problèmes financiers). Le parent violent peut être jaloux du bébé en raison du temps et de l’attention que nécessitent les soins d’un jeune enfant. Pour éviter d’autres abus, le parent peut ne pas faire passer toujours les besoins du bébé en premier. Cela peut avoir des répercussions sur la relation entre le parent et le bébé ainsi que sur la capacité du bébé à croître d’une manière saine.

Tout-petits et enfants d’âge préscolaire (de 2 à 4 ans)

Les enfants de cet âge trouvent souvent difficile de dire ce qu’ils pensent ou ressentent. Au lieu de cela, ils peuvent exprimer leurs pensées et leurs sentiments par leur comportement. Les enfants peuvent également agir comme leurs parents qui sont dans une relation de violence. Cela peut inclure frapper les autres ou trop faire bande à part.

Les enfants peuvent également se plaindre de problèmes physiques (p. ex., maux de tête et d’estomac) ou de cauchemars. Le fait d’être le témoin de mauvais traitements peut aussi causer des problèmes comportementaux, par exemple l’enfant peut bégayer, se cacher et crier, ou il peut être très actif, exigeant, pleurnicheur ou s’accrocher aux autres. La tristesse, l’anxiété ou la peur peuvent avoir des effets sur la manière dont les enfants mangent et dorment, ce qui peut en retour influencer leur croissance émotionnelle et physique.

Enfants d’âge scolaire (de 5 à 12 ans)

Les enfants de cet âge peuvent être violents et avoir de la difficulté à respecter les règles ou à se faire des amis. Ils peuvent ressentir de la peur, de l’anxiété, de la culpabilité ou de la honte, être dépressifs et faire preuve d’une faible estime de soi ou même de trouble de stress post-traumatique (TSPT), ce qui peut comprendre des rappels d’images de violence. Les enfants peuvent avoir des difficultés à se concentrer et à se focaliser sur certaines tâches, ce qui peut mener à un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH).

Les enfants en viennent à croire que la violence est une partie normale des relations et une façon d’obtenir ce qu’ils veulent. Pour avoir le sentiment d’exercer un certain contrôle sur leur vie, ils peuvent commettre des actes d’intimidation à l’école, Ces enfants peuvent également en être eux-mêmes victimes, car ils n’ont pas beaucoup d’amis.

Adolescents (de 13 à 18 ans)

Les jeunes risquent d’être victimes de violence dans leurs fréquentations et d’avoir des démêlés avec la justice. Ils peuvent également d’obtenir de mauvais résultats à l’école, de décrocher ou de fuguer. Les jeunes peuvent être déprimés, suicidaires ou souffrir de TSPT. Pour gérer ces sentiments, ils peuvent essayer de se blesser volontairement, de consommer abusivement de l’alcool ou d’autres drogues, de développer des troubles de l’alimentation ou d’adopter des comportements sexuels dangereux.

De nombreux adolescents agissent comme des parents en s’occupant de leurs jeunes frères et sœurs et en essayant de prédire ou de prévenir la violence future. Après avoir été témoins de relations de violence pendant leur enfance, ils peuvent poursuivre le cycle de violence lorsqu’ils se trouvent eux-mêmes dans des situations de violence similaires.

Qu’est-ce que je peux faire pour aider mon enfant qui a été exposé à de la violence familiale?

  • Mettez fin à l’exposition de l’enfant à la violence familiale. Les enfants ont besoin de se sentir aimés et protégés dans un environnement sécuritaire. Parlez à une personne en qui vous avez confiance et envisagez de mettre fin à la relation en toute sécurité.
  • Faites en sorte qu’ils sachent qu’ils ne sont pas responsables de la violence ni des problèmes de la famille. Permettez-leur de parler ouvertement de leurs sentiments et apprenez-leur des méthodes saines de gérer ces émotions.
  • Adoptez une routine incluant des règles et de la discipline
  • Félicitez vos enfants pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font. Le fait d’être exposé à la violence familiale peut avoir des effets à longue durée sur l’estime de soi.
  • Permettez aux enfants d’être des enfants et découragez-les d’agir comme des parents ou de régler des problèmes d’adultes.
  • Élaborez avec vos enfants des plans de sécurité convenant à leur âge (p. ex., appeler le 911). Apprenez-leur à ne pas prendre part à un incident violent et discutez avec eux d’un endroit sûr où ils peuvent se rendre (p. ex., la maison d’un voisin ou le poste de police).
  • Veillez à ce que les enfants aillent régulièrement à l’école où ils peuvent entretenir des relations positives. Parlez aux enseignants et au personnel scolaire et incluez-les dans le plan de sécurité.
  • Obtenez de l’aide professionnelle si vous avez des préoccupations au sujet du bien-être émotionnel de votre enfant. Les comportements négatifs et les troubles émotionnels peuvent varier en fonction de l’âge de l’enfant et de la gravité de leur exposition à la violence familiale.